Les comportements, épreuve de la relation de soin et d’accompagnement
Comment traiter les comportements perturbants de personnes avec qui la communication verbale n’est pas possible? Entre catégories diagnostiques, du handicap et du sens commun, quels sont les processus de qualifications des capacités et des intentions des personnes? Quels savoirs-faire s’élaborent dans les pratiques de soin et d’accompagnement, pour interpréter les comportements et y répondre, et comment ces savoirs-faire sont-ils formalisés? J’étudie ces questions au sein du réseau Non Conformes, qui réunit chercheurs en sciences sociales et cliniciens et s’appuie sur des recherches comparatives, notamment entre la France, le Chili et le Brésil.
Contrainte et consentement en santé mentale
Comment le recours à la contrainte dans le soin est-il pensé aujourd’hui et comment s’articule-t-il à l’impératif du consentement ? J’ai abordé ces questions de 2013 à 2017 au sein du Collectif CONTRAST. Dans l’ouvrage qui en est issu Contrainte et consentement en santé mentale, nous étudions avec un regard pluridisciplinaire les recompositions des régulations des dimensions contraignantes des pratiques de soin et d’accompagnement, dans le domaine de la santé mentale, ainsi que les formes prises par la prise en compte du consentement de la personne.
Mes travaux étudient la façon dont les acteurs du soin mobilisent des pratiques contraignantes dans des unités psychiatriques spécialisées, notamment sécurisées. Comment font-ils, ou pas, une place au consentement de la personne? Comment différencient-ils ce qui relève du soin ou de la sécurité? Comment décident-ils quoi faire et s’assurent-ils de faire au mieux? En analysant les dilemmes qui surgissent dans ces situations extrêmes, on révèle également les ambivalences du soin ordinaire.
Le premier volet de cette recherche s’est intéressée aux pratiques de soin dans les unités psychiatriques sécurisées, les Unité pour malades difficiles, qui accueillent des patients considérés comme dangereux dans les services de soin ordinaires. La seconde recherche a porté sur le processus qui a abouti à la création des unités psychiatriques pour détenus, les UHSA, et sur l’élaboration des régulations propres de ces unités, dans un contexte de développement et de réorganisation des unités psychiatriques sécurisées. Le troisième volet d’enquête a été réalisé dans une unité de soins psychiatriques spécialisée dans la prise en charge des personnes autistes ayant des troubles du comportement sévères. Ces travaux poursuivent des réflexions sur la notion de « situation difficile » et de « violence » dans les unités d’hospitalisation et leurs usages par les professionnels.
Le quotidien de la psychiatrie : prendre en charge les troubles mentaux graves
Comment les parcours de vie s’infléchissent-ils lorsque apparaissent des troubles mentaux graves et quel rôle la psychiatrie joue-t-elle, à la fois risque et ressource? Comment rendre compte de ces expériences? Dans mes premiers travaux sur la prise en charge des troubles mentaux graves dans le secteur psychiatrique, j’ai exploré ces questions à partir de la notion d’expérience sociale de la maladie mentale.
Affiliations
Maîtresse de conférences en sociologie à l’Université Paris8 Saint-Denis
Membre du Cermes3, laboratoire de recherche en sciences sociales spécialisé sur les mondes des sciences, de la médecine et de la santé.